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les forçats du mariage

— Dites-moi, supplia-t-elle, que vous m’aimez toujours, que vous ne m’en voulez pas de mon refus, que vous ne me quitterez pas, que nous resterons à jamais amis.

— Oui, vous avez raison, répondit-il résigné et calme en apparence, vous ne pouvez faillir, vous ! Merci de m’avoir rappelé à moi-même, merci de votre pardon ! Que vous êtes bonne et généreuse ! Mais il se fait tard. Il est temps que je rejoigne ma cabane.

— Vous reviendrez demain, n’est-ce pas, de bonne heure ?

— Oui, de bonne heure, fit-il.

En passant devant la chambre des enfants, il demanda à les voir dormir.

Il les baisa au front tous les deux.

— Y a-t-il rien de plus beau qu’un enfant endormi ! dit-il en soupirant. Quelle sérénité ! Puissent les passions ne jamais les atteindre ! Voyez donc, que notre Juana est belle ! Vous l’aimez bien, n’est-ce pas ? Vous l’aimerez toujours ?

— Oui, mon ami, toujours, puisque vous l’aimez.

Au moment de le quitter,

— Promettez-moi, ajouta Marcelle, saisie d’une vague appréhension, promettez-moi que nous ne nous séparerons pas.

— Je vous le promets, dit-il d’une voix hésitante. Il déposa sur la main de Marcelle un baiser respectueux et recueilli, dans lequel il parut mettre toute son âme.