Mais, à notre avis, cela n’implique pas qu’elle fut dans l’impossibilité de lire la rédaction latine dont nous parlerons plus loin. C’est sans doute par respect pour son royal protecteur, qu’elle aura voulu donner pour base à ses fables en vers français la version anglaise que le roi d’Angleterre Henri iii[1] avait écrite sur une rédaction latine antérieure des fables ésopiques ; à moins qu’on n’aime mieux croire que Marie n’avait point à sa disposition le texte latin, et qu’elle a dû se contenter de la version anglaise. Mais cela n’infirme en rien les raisons données plus haut, et ne prouve pas qu’elle ait ignoré le latin. Nous reviendrons sur cette question dans le chapitre suivant.
- ↑ Les manuscrits ne sont pas d’accord sur le nom du roi mentionné dans le prologue des fables. Quelques-uns portent le nom de Henri, et l’on croit qu’il s’agirait du roi Henri iii, déjà mentionné plus haut, et que l’on sait avoir été ami des lettres et protecteur des poètes.
Voici, du reste, les vers en question :
Pur amur le cumte Wuillaume,
Le plus vaillant de cest royaume
M’entremis de cest livre feire
E de l’Angleiz en Roman treire,
Ysopet apeluns ce livre,
Qu’il traveilla e fist escrire,
De Griu en latin le turna
Li Rois Henris, qui mult l’ama,
Le translata puis en Engleiz,
Et jeo l’ai rimé en Franceiz.