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LAI DE LANVAL.

affaire aussi désagréable. D’autres, au contraire, pour faire leur cour au monarque, desirent le voir punir. Le duc de Cournouailles prit sa défense. Seigneurs, dit-il, le roi accuse un de ses vassaux de félonie, et parce qu’il s’est vanté de la possession d’une maîtresse charmante, la reine s’est courroucée. Veuillez bien observer que nul ici, à l’exception du roi, n’accuse Lanval ; mais, pour bien connoître la vérité, pour juger avec connoissance de cause, en conservant tout le respect dû au souverain, et le roi même l’accordera, je propose que Lanval s’oblige par serment à faire venir ici sa maîtresse, pour juger si la comparaison dont la reine est si fort offensée, est conforme à son dire. Il est vraisemblable que Lanval n’a pas avancé pareille chose sans être persuadé de la vérité. Dans le cas où il ne pourroit pas montrer sa dame, je pense que le roi doit le renvoyer de son service, et le congédier. L’assemblée approuva la proposition, et les plèges se rendirent près de Lanval pour lui faire part de la délibération qui venoit d’être prise, et l’en-