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LAI D’YWENEC.

Revenue dans la chambre, la vieille trouve la dame réveillée, et lui fait observer qu’il est temps de se lever ; elle lui propose même de lui apporter ses vêtements. La dame répond qu’elle est fortement indisposée, et que, bien loin de songer à s’habiller, par les douleurs qu’elle éprouve, elle a plutôt besoin des secours du chapelain. Souffrez en paix, madame, lui dit la vieille, votre mari étant allé à la chasse, personne, excepté moi, n’entrera céans. Je laisse à penser quel fut le désespoir de la dame. Pour en venir à ses desirs, elle feint de se trouver mal. La vieille effrayée de ce qu’elle voit, ouvre la porte, et court aussitôt chercher le prêtre. Celui-ci fait diligence, part, arrive et apporte avec lui l’eucharistie qui lui avoit été demandée. Le chevalier qui avoit pris la semblance de la dame, reçoit le pain et le vin du calice ; le chapelain sort, et la vieille court fermer les portes après lui.

La dame se repose près du chevalier, et jamais vous n’avez vu un aussi beau couple. Après avoir assez ri, assez joué, et après qu’ils