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LAI D’YWENEC.

il faut agir de ruse pour éclaircir le mystère. Écoutez, le matin lorsque je serai levé et que vous aurez fermé les portes sur moi, vous ferez semblant de sortir et de laisser ma femme toute seule dans son lit. Cachez-vous dans quelque coin d’où vous puissiez tout voir, tout entendre, et faites en sorte de découvrir le motif de son contentement. Ils s’arrêtent à ce conseil. Hélas ! quel malheur pour ces amants dont on conjure la perte !

Trois jours après cette détermination, le mari prétexte un voyage ; il prévient sa femme que le roi, par une lettre, l’a mandé à sa cour, mais qu’il reviendra bientôt. Il sort de la chambre en fermant la porte après lui. La vieille se lève et va se cacher derrière un lit d’où elle pourra s’instruire de tout ce qu’elle desire savoir. La dame étoit couchée, mais elle ne dormoit pas. Se croyant seule, elle desire la présence de son amant. Il arrive bientôt pour passer quelques instants avec elle, ils se réjouissent ensemble, et dès qu’il est heure de se lever, le cheva-