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LAI D’YWENEC.

étoit entouré de vingt cierges allumés, que portoient des chandeliers également en or ; les encensoirs destinés au service du défunt étoient d’améthyste. Les voyageurs prièrent leur guide de vouloir bien leur apprendre le nom et l’histoire du personnage que renfermoit le tombeau. Les religieux répandent des larmes, et racontent en pleurant que c’est le corps du plus vaillant, du plus beau et du plus aimé des chevaliers nés et à naître. Celui-ci a été notre roi, et jamais on n’en vit un plus affable. Il fut tué par suite de ses amours avec une dame de Caerwent ; et depuis cette époque, la terre est sans seigneur. Nous attendons avec impatience l’arrivée d’un fils qu’il a eu avec sa maîtresse, lequel d’après ses dernières volontés doit lui succéder.

Lorsque la dame eut entendu ce discours, elle appelle Ywenec, et lui dit : Vous savez, beau fils, pourquoi Dieu nous a conduits ici ; voici le tombeau de votre père, et voilà son meurtrier. Elle lui remet en même temps l’épée d’Eudemarec qu’elle portoit toujours avec elle. Ywenec connut le secret