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LAI D’ELIDUC.

dant aussitôt de la tour, il vient au-devant d’Eliduc, le félicite sur son succès et lui remet les prisonniers pour en tirer rançon. Eliduc distribue à ses compagnons d’armes tout le butin, et leur abandonna entièrement la part qui lui revenoit ; il ne retint pour lui que trois chevaliers prisonniers dont il avoit remarqué la valeur pendant le combat. Le roi plein d’estime pour Eliduc, le garda un an avec ses compagnons d’armes et au bout de ce temps le monarque, le fit gardien de sa terre.

Au courage, à la courtoisie, à la sagesse, à la générosité, Eliduc joignoit la beauté. La fille du roi qui avoit entendu parler de ses exploits, lui envoya un de ses chambellans[1] pour le prier de la venir voir et

  1. On a remarqué sans doute, et non sans surprise, que la princesse, logée dans le palais du roi son père, n’ait pas auprès d’elle quelques pucelles pour la servir. Il en est de même de la femme d’Eliduc, de cette bonne Guildeluec, laquelle, est représentée sans cesse entourée de chevaliers ou d’écuyers. Ici le chambellan de Guillardon est le confident, le conseiller et l’ambassadeur de sa maîtresse.