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LAI D’ELIDUC.

vous parler. Quand la princesse apprit que son amant devoit rester, elle se réjouit de cette nouvelle. De son côté Eliduc souffroit beaucoup depuis l’instant où il avoit connu la jeune demoiselle dont il étoit fort amoureux. Dès ce moment, il n’eut aucun plaisir ; il pensoit toujours à Guillardon, et le souvenir de la promesse qu’il avoit faite à sa femme en la quittant, venoit empoisonner son bonheur.


Eliduc vouloit conserver la fidélité à son épouse, mais les charmes de Guillardon faisoient évanouir toutes ses résolutions. Il avoit la liberté de la voir, de lui parler, de l’embrasser, mais il ne fit jamais rien qui pût tourner au déshonneur de son amie, tant pour garder sa promesse envers sa femme, que parce qu’il étoit à la solde du roi[1].

  1. Attenter à l’honneur de son prince, étoit un crime de félonie, quand on étoit à son service ; quand on étoit vassal c’étoit un crime de lèse-féodalité qui