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NOTICE.

qui viennent, d’être rapportés, confirment qu’elle avoit composé ses ouvrages dans un pays étranger dont la plus grande partie des habitants parloient et cultivoient la langue et la littérature françoise. Où trouver une contrée dans laquelle cette langue fût plus en usage qu’en Angleterre ? Marie ne se dit née en France que pour éviter d’être confondue avec les trouvères anglo-normands, et peut-être aussi pour donner plus d’importance à ses productions. Ne voit-on pas Guernes de Pont-Sainte-Maxence qui écrivoit à Cantorbéry dans le XIIe siècle, prévenir ses auditeurs et ses lecteurs qu’il est né françois, et qu’ainsi ses écrits doivent être plus estimés par la correction et par la pureté du style[1].

Le Grand d’Aussy, qui malheureusement ne cite jamais, a dit sans aucune preuve, que parmi les poëtes françois du XIIIe siècle, il était d’usage d’annoncer leurs productions comme étant traduites de l’anglois. Une semblable assertion auroit dû nécessairement être appuyée par quelques témoignages. M. de la Rue et moi n’avons

  1. État de la poésie Françoise dans les XIIe et XIIIe siècles, p. 237—240.