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DE MARIE DE FRANCE.

FABLE LXXXI.

De l’Aigles, d’un Vostour è de la Grue[1].

Un Aigles fu furment iriez
Vers un Ostoir, è curréciez ;
Tuz les Oiseax fist assenbler,
Enprès l’Ostoir les fist voler,
Saveir s’il le purreient prendre.
Mès cil nes’ waut néent atendre,
Où crues d’un rochier s’esteit mis.
Li Oisel l’unt entur assis[2],
Puis esgardent ki l’assaurra[3]
E qui avenir i porra[4].10
Dunc i unt la Grue envéiée,
Pur sun lung col, l’unt tant preiée.
La Grue lanche sun bec avant
E li Ostours de maintenant
Si l’a par la teste saisie ;

  1. Le Grand d’Aussy, Fabliaux in-8o, tom. IV, p. 190.
  2. L’ont enfermé et entouré.
  3. L’assaillera, l’attaquera.
  4. Et qui pourra arriver vers lui.