Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/14

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qui protège les morts s’est brisée, ce n’est plus qu’un tronc de pierre, usé par le temps, que le lierre est venu vêtir de sa verdure éternelle. Les années ont effacé les sentiers qui séparaient les tombes, et dans un coin sont entassées des croix de bois où se peuvent à peine lire encore des noms inconnus de laboureurs. C’est là, entre l’église basse, agenouillée auprès des trois ormes gigantesques qui étendent leurs bras sur les chaumières, et la maison mélancolique où sa vie a tenu presque entière, que continue son rêve la bonne dame de Nohant, sous la garde fidèle des humbles qui ne sont plus. Ils gisent, pêle-mêle, oubliés des vivants, rendus à la terre maternelle, qu’ils ont si longtemps creusée de leurs sillons, mais leur âme est restée derrière eux : elle demeure tout entière dans l’œuvre de celle qui a su donner une voix à la foule muette des paysans de France.

Dans ce Berry, si doux en sa tristesse, per-