Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/114

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L’abbé Germain goûta beaucoup ce que Cassien lui dit, et étant rentrés dans leur cellule, ils y attendirent le retour du saint vieillard à l’heure des prières de la nuit, qui était déjà bien proche ; dès que l’abbé Joseph fut revenu à eux, après avoir récité ensemble le nombre de psaumes ordonné, ils reprirent pour siége ce qui leur avait servi de lit durant la nuit, dans le dessein de lui proposer leur difficulté.

L’abbé Joseph leur fit là-dessus le discours dont Cassien a fait le sujet de sa dix-septième conférence, où, après avoir dit que c’est une chose très-juste et très-conforme à l’état religieux d’accomplir ce qu’on a promis, il tâche de leur prouver que, se croyant en danger de demeurer dans une tiédeur perpétuelle en retournant à Bethléem, ils seraient excusables et même louables de ne pas exécuter leur promesse. Par cette décision, il leur persuada de rester en Égypte, où ils demeurèrent, en effet, sept ans entiers. Mais elle ne les guérit pas tout à fait de leur scrupule, et ils retournèrent dans la suite à leur monastère pour obtenir une nouvelle permission : dans l’intervalle ils ne manquèrent pas d’écrire à leur communauté pour y faire agréer leur absence et le délai de leur retour.

Du désert de Panéphyse, ils passèrent le Nil et entrèrent dans le territoire de Diolque, bourg situé auprès d’une des sept embouchures de ce fleuve.

Ils virent successivement dans ce désert le vénérable Piammon, qui était le plus âgé des anachorètes de Diolque et prêtre de leur église ; Paul, supérieur d’un monastère habité par plus de deux cents religieux, du nombre desquels était le vénérable Jean ; l’abbé Pinufe, qu’ils avaient connu à Bethléem, et l’abbé Abraham. Cassien fait parler tous ces solitaires dans ses conférences. Piammon les entretint sur trois différentes sortes de religieux ; Jean leur