Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/125

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ment chrétienne ; ce qui suppose en lui de la naissance, de riches dispositions d’esprit, et des parents pieux.

Il n’avait que seize ans lorsque, nonobstant ses talents et l’espérance qu’ils lui donnaient de briller dans le monde, il se déroba à tout ce qui s’y offrait à lui de flatteur, et vint s’éteindre, pour ainsi dire, dans le silence du désert. Il choisit pour cela la solitude du mont Sinaï, soit qu’elle fût plus à sa portée en sortant de la Palestine, soit qu’il y fût plus attiré par la réputation des religieux qui l’habitaient. Il s’y mit sous la direction d’un saint vieillard nommé Martirius, qui s’attacha d’autant plus à le former aux vertus monastiques, qu’il y excellait lui-même, et qu’il trouva dans son élève les plus heureuses dispositions d’esprit et de cœur, et une docilité parfaite. On peut dire que jamais novice n’embrassa avec plus d’ardeur et de piété les pratiques de la vie religieuse, et n’en prit l’estime avec plus de perfection.

Il fut quatre ans à s’instruire et à s’éprouver avant de s’engager irrévocablement par la profession religieuse ; ainsi il ne la fit qu’à vingt ans. Un très-pieux abbé nommé Stratège, qui était présent à la cérémonie, fut alors éclairé de l’esprit de Dieu, et prédit que le nouveau profès serait un jour une des grandes lumières du monde. Jean continua de demeurer sous la conduite de son directeur, qui, le voyant avancer extraordinairement dans les vertus et la science des saints, voulut le mener à un des plus grands solitaires de ce désert, appelé Anastase, qui depuis fut, dit-on, patriarche d’Antioche. Cet Anastase, voyant saint Jean Climaque, demanda à Martirius qui lui avait coupé les cheveux, c’est-à-dire qui l’avait reçu à la profession religieuse. À quoi Martirius ayant répondu que c’était lui-même, Anastase répliqua avec admiration : « Qui croirait, mon père, que vous eussiez consacré à Dieu un futur abbé du Mont-Sinaï ! »