Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/131

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disputer avec les hérétiques quand ils venaient dans un esprit de contention et de malice plutôt que pour connaître la vérité. « Contentez-vous, dit-il, de leur représenter une ou deux fois leur égarement et leur erreur. Mais, ajoute-t-il, s’il y en a qui aient un désir sincère de s’instruire de la vérité, ne nous lassons point de leur en donner des instructions saintes et salutaires ; mais n’entreprenons l’un et l’autre que selon que nous sentons notre esprit et notre cœur affermis dans la connaissance et la croyance des mystères de la foi. »

Il répète à peu près la même recommandation, dans sa Lettre au Pasteur, comme très-importante, parce qu’il savait que c’est un des artifices des hérétiques de corrompre la foi des religieux et des femmes, pour se donner plus de crédit et étendre davantage leurs erreurs. « Les supérieurs, dit-il, qui n’ont qu’une faible connaissance des mystères et des vérités de la foi, ne doivent point communiquer avec les hérétiques, selon que les canons mêmes nous l’ordonnent ; mais quant à ceux que Dieu a rendus puissants en paroles et en doctrine, si les ennemis de l’Église les appellent au combat, et qu’ils veuillent bien entrer en lice avec eux, qu’ils y entrent pour la plus grande gloire de Dieu. » Il ne faut pas s’étonner que saint Jean donne ces avis contre les hérétiques ; il y en avait plusieurs de son temps qui attaquaient principalement les mystères de la Trinité et de l’Incarnation, et qui troublaient étrangement l’Église d’Orient par leurs erreurs.

Il lisait aussi les vies et les sentences des pères de la solitude, et il paraît, par ce qu’il en rapporte de temps en temps dans son Echelle sainte, qu’il s’animait par leurs exemples et qu’il tâchait de prendre leur esprit. Il ne lui suffit même pas de s’instruire de leurs actions et de leur doctrine spirituelle par