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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/136

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autant de fleuves de doctrine qu’il répandait avec une abondance égale à sa charité ; et la vertu de ses prières était un puissant secours auprès de Dieu pour ceux qui se trouvaient en danger de périr par les efforts des ennemis invisibles.

De si grands fruits de vertu méritaient plutôt l’admiration et le respect de la part de ses frères, que leur jalousie ; mais le démon, qui, comme il est dit dans le livre de Job, se trouve quelquefois parmi les enfants de Dieu, voulant empêcher le bien que produisaient ses saintes instructions, tenta quelques solitaires d’une envie maligne contre lui, et ils eurent le malheur de s’y laisser entraîner. Bien loin de profiter eux-mêmes de sa doctrine si utile et si édifiante, ils voulurent le faire passer pour un homme qui, contre son état de solitaire, avait oublié les lois du silence, et ils l’appelèrent un vain discoureur et causeur.

Le saint, toujours guidé par l’esprit de discrétion et d’humilité qui lui était si propre, jugea qu’il valait mieux leur céder, quoique quelques frères dussent souffrir d’être privés de ses entretiens, que de les irriter davantage. Il témoigna à ceux qui venaient le voir qu’il ne voulait plus parler à personne, et renferma dans sa cellule les trésors qu’il avait jusqu’alors répandus dans un esprit de charité.

Il ne lui coûta rien de se taire ; mais ceux qui l’y avaient obligé par leurs murmures, furent enfin contraints eux-mêmes de se joindre aux autres frères pour l’obliger d’ouvrir de nouveau cette bouche d’or, d’où il ne sortait que des oracles célestes. Son humilité et sa modestie touchèrent ses envieux ; les biens dont ils avaient privé leurs confrères par leur jalousie, leur en firent sentir également toute l’injustice.

Ils vinrent le conjurer avec les autres de ne pas suspendre davantage ses salutaires instructions ; et le