Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/139

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mables richesses de sa doctrine, qu’il répandit sur les âmes avec une abondance et une bénédiction merveilleuses. »

Ces eaux de grâce et de salut ne s’arrêtèrent pas dans le désert de Sinaï ; Dieu les fit couler, par son livre admirable de l’Échelle sainte, dans le désert de Raïthe, et ensuite dans toute l’Église, et ce fut alors que se vérifia littéralement ce que le pieux abbé Stratége en avait prédit cinquante-cinq ans auparavant, comme nous l’avons déjà dit. Il y avait toujours eu une étroite union de charité entre les solitaires de Sinaï et ceux de Raïthe ; la gloire d’avoir eu des martyrs de Jésus-Christ leur était commune, ainsi que nous l’avons remarqué ailleurs, et si le mont de Sinaï avait donné de grands hommes pour éclairer l’Église par leurs lumières et l’édifier par la bonne odeur de leurs vertus, Raïthe avait eu aussi le même avantage.

Un grand personnage nommé Jean, comme notre saint, et son ami particulier, gouvernait alors le monastère de Raïthe. La connaissance qu’il avait de ses talents et de sa doctrine profonde pour la conduite des âmes, le détermina à le prier, tant en son nom qu’au nom de tous ses religieux, de vouloir bien écrire ce que le Saint-Esprit lui inspirerait touchant la pratique des vertus, et de leur faire part de la grande expérience qu’il avait acquise dans la science spirituelle. La lettre qu’il lui écrivit pour cela fait tant d’honneur à saint Jean Climaque par l’éloge qu’elle contient de ses mérites, que nous la rapporterions volontiers ici en entier si nous ne craignions de nous trop étendre. Il s’adresse à lui comme à un homme égal aux anges, comme à un père commun des Pères de la solitude, comme à un docteur capable d’instruire les autres docteurs.

Il le conjure ensuite, par l’obéissance qu’il doit à