Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu à l’égard de toutes les personnes qui ont besoin de son assistance, de lui tracer par écrit les vérités que Dieu lui a fait voir dans ses célestes contemplations sur la même montagne où il se montra autrefois à Moïse. « Nous les recevrons, dit-il, comme de nouvelles tables écrites de sa propre main, qu’il nous enverra par votre entremise, ainsi qu’à de nouveaux et spirituels Israélites qui sont sortis des agitations du monde comme du fond des abîmes de la mer Rouge. Puis donc, ajouta-t-il, que vous avez fait tant de merveilleuses opérations par votre langue animée de l’esprit de Dieu, comme Moïse fit autrefois tant de prodiges par sa baguette miraculeuse, et que vous êtes le grand conducteur et le premier maître de ceux qui ont embrassé cette vie tout angélique, ne rejetez pas l’instante supplication que nous vous faisons de nous marquer par écrit les principaux devoirs de notre état. Nous avons une ferme confiance que vous nous donnerez cet excellent ouvrage que nous espérons de votre zèle. Nous recevrons avec une consolation extraordinaire ces règles vénérables, qui seront comme une échelle sainte dressée à la porte du ciel, par laquelle ceux qui voudront y monter y arriveront sûrement, sans qu’ils en puissent être empêchés par les esprits de ténèbres. »

Le bienheureux Jean avait de si bas sentiments de lui-même, qu’il ne put lire cette lettre qu’en s’humiliant encore plus profondément que l’abbé de Raïthe ne lui marquait de vénération. Il sentit la même difficulté à commencer cet ouvrage, qu’il avait eue à se charger du gouvernement des solitaires de Sinaï, et il ne l’entreprit enfin que par cet esprit d’obéissance qui, lui faisant regarder Jean de Raïthe comme son maître dans la science spirituelle et les vertus religieuses, le soumettait à ses désirs comme à des ordres d’un supérieur.