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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/141

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« Lorsque j’ai reçu, lui dit-il dans sa réponse, la lettre dont vous m’avez honoré, ou plutôt le commandement qu’il vous a plu de me faire et qui est au-dessus d’un pécheur indigent et destitué de vertu, tel que je suis, je l’ai regardé comme très-convenable à la sainteté de votre vie et à la profonde humilité de votre cœur. Vous devriez plutôt vous adresser à ceux qui sont des maîtres dans la science spirituelle, et non pas à moi, qui suis encore au rang des disciples ; mais puisque ceux de nos pères qui ont été les plus éminents en doctrine et en sainteté nous ont enseigné que l’obéissance consiste à obéir sans discernement dans des choses même qui vont au delà de notre pouvoir, cette considération m’a fait oublier ma faiblesse et entreprendre humblement plus que je ne pouvais accomplir. Ce n’est pourtant pas à vous que j’adresse ce petit ouvrage, Dieu me garde d’une si folle et si indiscrète simplicité ! Je sais combien vous êtes capable, par la grâce de Jésus-Christ, de nous instruire tous ; mais je l’adresse à cette bienheureuse compagnie que Dieu a appelée à son service, et qui reçoit de vous, comme nous autres, les instructions qu’on doit attendre d’un homme aussi éclairé que vous l’êtes, et sur les prières de qui me confiant comme sur des mains spirituelles qui m’aident à porter le poids de mon insuffisance, j’ai comme tendu les voiles au vent en prenant la plume, et j’ai abandonné à Jésus-Christ, cet excellent pilote, le gouvernail du vaisseau, et la conduite de ce que je vais dire par votre ordre et avec le secours de vos prières. »

Ce fut alors qu’on vit paraître cette excellente traduction de son génie éminent, de son expérience consommée et de son ardente piété. Cet ouvrage le rendit bientôt célèbre parmi les Grecs, quoiqu’il ait été connu beaucoup plus tard chez les Latins. Il y traite les ma-