Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/142

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tières autrement que les autres auteurs grecs, qui sont ordinairement fort étendus dans leurs discours ; mais comme il avait l’esprit très subtil, et d’ailleurs grave et solide, il renferme beaucoup de pensées et de raisons en peu de paroles ; et, s’exprimant plutôt par sentences que par des raisonnements liés, il expose sa doctrine en des idées raccourcies et des vérités de principes et des maximes, sans s’arrêter à les développer par des amplifications.

C’est ce qui a rendu son ouvrage obscur en beaucoup d’endroits, tout le monde n’étant pas capable, en le lisant, de l’atteindre dans la sublimité de ses pensées. Aussi tâcha-t-on de les rendre plus claires et de les mettre plus à la portée du commun par des éclaircissements que l’abbé Jean de Raïthe donna en grec, et environ cent cinquante ans après, Élie, métropolitain de Crète, en publia de nouveaux qui donnèrent un grand jour à tout l’ouvrage, et dont on s’est servi de notre temps dans la traduction française qu’on en a faite pour le rendre utile à tout le monde.

On a remarqué que notre saint avait une grande conformité de génie avec saint Grégoire de Nazianze, dont il suivit les manières dans l’élégance et le tour du style ; qu’il propose ses réflexions et ses préceptes dans un discours figuré, où il fait allusion à des passages de l’Écriture, qu’il entremêle d’exemples quelquefois rares et peu connus du commun des hommes. On y trouve aussi des imitations ingénieuses du langage du Saint-Esprit, diverses allégories de l’ancien Testament, des paroles semblables à celles de l’Évangile, qui, sous le voile des choses humaines, contiennent des vérités morales et spirituelles ; et enfin les questions importantes qu’il propose à ses lecteurs pour les exercer à en rechercher ailleurs la décision, et que sa modestie l’a empêché de résoudre.

Quoique saint Jean Climaque proteste dans cet ou-