Aller au contenu

Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans, pour apprendre les lettres humaines. Nous ne savons pas quel fut celui qui l’éleva dans les principes de la foi chrétienne ; mais il y réussit si heureusement, avec le secours de la grâce, que dans cet âge tendre Hilarion aimait Jésus-Christ de tout son cœur, et, bien loin de s’amuser aux spectacles profanes, il ne goûtait que la prière et les assemblées ecclésiastiques. Cela n’empêcha pas qu’il ne fît du progrès dans les études, car il apprit le grec aussi parfaitement qu’il possédait le syriaque, sa langue naturelle ; mais les attraits des vertus chrétiennes, l’emportèrent toujours, dans son cœur, sur ce qui ne servait qu’à orner son esprit, et il écrivit dès lors un livre des Évangiles, qu’il garda jusqu’à la mort pour en faire le principal sujet de ses réflexions, et pour être toujours en état d’y recourir et d’y conformer sa conduite. Ce qu’il y a encore de plus remarquable, c’est que c’était précisément dans ce temps-là que la persécution de Dioclétien était plus allumée ; et, bien loin que sa foi en fût ébranlée par la crainte, elle jeta dans son âme de plus fortes racines, et son zèle pour Jésus-Christ n’en devint que plus ferme et plus ardent.

En effet, ayant entendu parler des vertus de saint Antoine, dont la réputation était déjà répandue dans toute l’Égypte et attirait beaucoup de monde auprès de lui, il voulut l’aller voir comme les autres, non par un esprit de curiosité, mais dans l’intention d’étudier sa conduite et de se former sur son exemple. Il quitta pour cela son habit de séculier, et demeura environ deux mois auprès de lui, observant avec soin sa manière de vivre, principalement son abstinence rigoureuse, son assiduité à l’oraison, son humilité à recevoir les frères, son zèle à les reprendre de leurs défauts, son ardeur à les animer tous et à les porter à la pratique du bien.