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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/19

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son Sauveur, qui le combla de consolations et le guérit de ses blessures.

Après cette faveur insigne, brûlant d’ardeur de s’avancer toujours davantage dans la perfection, il résolut d’aller plus avant dans le désert, pour s’y livrer en toute liberté au gré de ses fervents désirs, et se retira sur les montagnes, malgré tous les prestiges dont le démon se servit pour l’en détourner.

La demeure que Dieu lui avait préparée sur une de ces montagnes était un vieux château plein de serpents, qui s’enfuirent pour lui céder la place. Il s’y enferma comme dans un temple qu’il consacra par une prière continuelle. Son intention étant d’y vivre dans une retraite parfaite, il n’en permit l’entrée à personne. Il recevait seulement de six mois en six mois quelques pains qu’on lui jetait par-dessus le toit. Les démons ne l’y laissèrent pas en repos ; ses amis qui venaient lui parler par dehors entendaient au dedans comme une troupe de gens qui faisaient grand bruit, et qui cherchaient à le chasser de ce lieu.

On ne pouvait croire qu’il soutînt longtemps de si rudes combats ; et toutes les fois que ses amis le venaient voir, ils doutaient s’ils le trouveraient en vie. Mais ils avaient la consolation de l’entendre chanter les louanges de Dieu.

Il passa ainsi près de vingt ans, louant Dieu sans cesse, et luttant toujours contre les puissances de l’enfer, jusqu’à ce qu’il fût contraint de sortir pour se rendre aux prières d’un grand nombre de personnes, qui venaient ou se ranger sous sa conduite, ou implorer son secours pour d’autres sujets particuliers. La première fois qu’il se montra, on fut étonné de le voir dans le même état de santé qu’il avait avant qu’il se rendit solitaire.

On le voyait toujours égal, et il montrait en toutes choses un jugement éclairé de l’esprit de Dieu.