Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/190

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on a été lavé en Jésus-Christ, l’on n’a plus besoin de se laver davantage. En un mot, écoutez ce que saint Paul répond à toutes vos difficultés : Toutes les souffrances de la vie présente n’ont aucune proportion avec cette gloire qui sera un jour découverte en nous. » (Rom., viii.)

Saint Paulin ayant distribué ses grands biens aux pauvres et embrassé la pauvreté volontaire, demanda à saint Jérôme des règles pour vivre saintement dans son nouvel état. Le saint, qui, dans une autre lettre, l’avait exhorté à rompre entièrement avec le monde pour se consacrer à Dieu sans réserve, lui dit d’abord, dans sa réponse, qu’on ne mérite pas des louanges pour avoir été à Jérusalem, où il désirait aller et où il le louait de demeurer, mais pour y avoir bien vécu ; qu’on doit juger de chaque fidèle en particulier, non par le lieu de sa résidence, mais par le mérite de sa foi ; que le ciel est également ouvert et aux citoyens de Jérusalem et aux habitants de la Grande-Bretagne, parce que le royaume de Dieu, dit Jésus-Christ, est au dedans de nous (Luc., xvii) ; que saint Antoine et une infinité de solitaires de l’Égypte, de la Mésopotamie, du Pont, de la Cappadoce, de l’Arménie, n’avaient pas laissé d’aller au ciel sans avoir vu Jérusalem, et que saint Hilarion, né dans la Palestine, n’y alla qu’une seule fois et n’y demeura qu’un seul jour. « Vous pouvez donc, continue-t-il, sans préjudice de votre foi, vous passer de voir la ville de Jérusalem… Mais, après vous être éloigné, par l’état que vous avez choisi, de la foule et du tumulte des villes, votre emploi doit être de vivre à la campagne, de chercher Jésus-Christ dans la retraite, de prier avec lui sur la montagne, et de ne point chercher d’autre voisinage que celui des saints lieux, afin de renoncer entièrement aux villes et de demeurer constamment attaché à votre état… Imitons les maîtres de la