Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/191

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vie solitaire que nous professons, c’est-à-dire les Paul, les Antoine, les Macaire et les Hilarion ; et, pour venir à l’autorité des saintes Écritures, reconnaissons pour nos maîtres Élie, Élisée et les enfants des prophètes, qui, toujours retirés à la campagne et vivant dans la solitude, se bâtissaient des cabanes sur le bord du Jourdain.

« Fuyez les compagnies, les festins, les vains compliments et les complaisances affectées des hommes du monde comme autant de chaînes qui ne sont propres qu’à nous rendre esclaves de la volupté ; mangez sur le soir un peu d’herbes et de légumes ; que ce soit pour vous des délices exquises que de manger quelquefois quelques petits poissons. Quand on se nourrit de Jésus-Christ et qu’on tourne vers lui tous les désirs de son cœur, on se met fort peu en peine de la qualité des viandes dont on repaît son corps… Soyez toujours appliqué à la lecture de l’Écriture sainte ; vaquez souvent à la prière, prosterné devant Dieu ; élevez vers lui toutes vos pensées ; veillez souvent, et mettez-vous quelquefois au lit sans avoir mangé… Ne faites point vanité d’être vêtu pauvrement ; n’ayez aucun commerce avec les gens du siècle, et particulièrement avec les grands. Qu’est-il nécessaire que vous voyiez souvent ce que vous avez méprisé pour embrasser la vie monastique ? »

Saint Jérôme, après avoir exhorté Héliodore à revenir dans la solitude, et tracé à saint Paulin, depuis évêque de Nole, les règles d’un véritable solitaire, écrit au moine Rustique, qui était Gaulois et originaire de Marseille ; il lui parle de la vie cénobitique et de la conduite qu’il doit garder. Il lui marque d’abord en ces termes les devoirs généraux de la vie monastique : « Si vous voulez donc, lui dit-il, être un véritable solitaire et ne pas vous contenter d’en avoir