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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/205

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qu’il avait vus. Il se lia pour cela avec Eustache et ses disciples, qui y professaient la vie monastique. Eustache était son compatriote et son ami depuis le bas âge. Il avait bâti dans la suite un monastère où il avait assemblé plusieurs disciples qui gardaient une fort exacte discipline ; et saint Basile crut devoir leur donner son estime, en voyant leur extérieur si régulier et qui approchait de la conduite des moines qu’il avait vus dans les autres provinces.

Cependant diverses personnes tâchèrent de le détourner d’avoir aucun commerce avec eux, parce qu’on publiait qu’ils n’avaient pas de bons sentiments touchant la divinité de Jésus-Christ. Mais le saint rejetait ces conseils, ne pouvant se persuader qu’ils fussent intérieurement tout autres que leur extérieur modeste et pénitent le montrait. Il comprit bientôt qu’il s’était trompé dans le jugement trop favorable qu’il en avait porté, et il suffit de lire l’histoire ecclésiastique pour reconnaître dans Eustache un élève d’Arius, un protée qui n’avait d’autre foi que celle qui s’accordait mieux avec sa fortune, et enfin le plus grand persécuteur que saint Basile lui-même ait eu.

Le saint ne fut pas longtemps dans Césarée ; il y attendait saint Grégoire de Nazianze pour se retirer avec lui dans le Pont ; mais celui-ci étant empêché, il en prit occasion de faire une visite à sa mère, qui y demeurait avec sa fille sainte Macrine, et où elles avaient établi un monastère de vierges ; il y trouva une solitude très-propre à seconder ses désirs. Le monastère de sa mère était auprès de la rivière d’Iris, à peu de distance d’Ibore, petite ville épiscopale du Pont, et à sept à huit stades de l’église des Quarante-Martyrs. La solitude que choisit Basile était de l’autre côté de l’Iris, et il en fait une description fort agréable à saint Grégoire pour l’encourager à l’y venir joindre ; mais le temps n’en était pas encore venu.