Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/207

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heureux pour jouir pendant un mois seulement de ces jours si désirables que j’ai passés avec vous, lorsque nous faisions nos délices de nos travaux mêmes et des maux que nous souffrions ? tant il est vrai que les choses les plus pénibles nous deviennent agréables lorsque nous les faisons volontairement, comme celles qui sont agréables d’elles-mêmes nous deviennent fâcheuses lorsque nous les faisons par contrainte. Qui me rendra ces chants, ces veilles, ces prières qui nous transportaient de la terre au ciel ; cette vie qui était presque dégagée de la matière ; cette émulation que nous avions pour les pratiques de la vertu, et ce zèle que nous faisions paraître en conformant nos actions aux règles de la solide piété ! Quelle satisfaction n’avais-je pas alors en m’appliquant à l’étude des divines Écritures ! Et, pour parler des moindres choses, ne verrai-je plus ce temps que nous passions à travailler des mains, à porter du bois, à tailler des pierres, à planter des arbres, à conduire de l’eau par des canaux ? »

C’est ainsi que saint Grégoire rappelle à saint Basile les innocentes délices de leur retraite ; et il paraît qu’elles consistaient toutes dans le goût de la prière, dans l’exercice des vertus, dans les travaux de la pénitence, dans la méditation des saintes lettres, à laquelle ils ajoutaient la lecture des Pères qui les avaient expliquées avant eux, pour puiser dans leurs interprétations leur véritable sens et la tradition de l’Église.

Les habitants de Néocésarée députèrent vers ce temps-là à saint Basile leurs principaux magistrats, pour le prier de venir se charger dans leur ville de l’instruction de la jeunesse ; mais l’amour de la solitude prévalut dans son cœur sur leurs sollicitations, quelques instances qu’ils pussent lui faire, aimant mieux se remplir de Dieu dans le silence, que d’en-