Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/208

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seigner aux autres l’art de parler avec éloquence. Mais quoiqu’il se fût retiré dans le Pont pour ne vaquer qu’à Dieu et à lui-même, loin du tumulte des villes, il ne put empêcher qu’on ne vînt à lui de toutes parts pour lui demander des règles de conduite ; d’autant plus que, outre le rare talent qu’il avait de développer les saintes maximes de la religion, dont il était parfaitement instruit, il en montrait la pratique par son exemple.

Ce fut ce qui donna occasion à l’établissement d’un grand monastère, et ensuite de plusieurs, dont la charité l’obligea à prendre soin avec toute l’attention que le zèle de la gloire de Dieu et du salut des âmes pouvait lui inspirer. Nous apprenons de saint Grégoire de Nazianze, qui en était témoin oculaire, que les religieux y vivaient, sous la conduite du saint, dans une union merveilleuse et dans une ardeur extraordinaire pour la pratique des vertus, s’y animant les uns les autres, en telle sorte qu’on pouvait dire qu’ils se rendaient, par leur ferveur, des hommes supérieurs à eux-mêmes et tout célestes. Le saint voulut qu’ils vécussent en commun, et qu’ils joignissent ainsi la société avec la retraite, ce qui fait qu’il les appelle ordinairement des communautés de frères, et, s’il est permis d’user de ce terme, des fraternités.

Pour mieux établir parmi eux une observance exacte et uniforme, il les instruisit des maximes des pères et des premiers maîtres de la vie religieuse, et leur prescrivit aussi des règles pour se conduire et se sanctifier dans leur état ; ce qui nous a procuré le précieux trésor des règles que nous avons dans ses ouvrages : savoir, les grandes règles, qui contiennent trente-cinq questions et autant de réponses ; et les petites règles, qui sont au nombre de trois cent treize, où les choses sont traitées avec moins d’éten-