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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/209

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due. Il écrivit aussi dans sa solitude diverses lettres soit à des moines, soit à des vierges et à d’autres personnes. Mais tandis qu’il travaillait à inspirer aux hommes l’amour de la retraite par l’expérience qu’il avait des avantages qu’elle procure à l’âme, il ne témoignait pas moins de zèle pour remplir le monastère de sa sœur, sainte Macrine, de chastes colombes, dont le principal exercice était de soupirer sans cesse après le ciel. C’est ce qu’il marque expressément à une dame nommée Julite, qui était veuve et sa parente, en l’assurant que, s’il a la consolation de la voir un jour embrasser ce genre de vie si saint et si sublime, il aura besoin d’avoir avec lui un grand nombre de personnes pour en rendre de dignes actions de grâces à Dieu.

Son zèle ne se borna pas à ces premières fondations, il allait aussi par toutes les villes et les villages du Pont, animant les habitants de cette province par de puissantes exhortations à sortir de la lâcheté qui leur était naturelle, pour servir Dieu fidèlement. Il en porta plusieurs à renoncer au siècle pour ne penser qu’à leurs âmes, et à se réunir plusieurs pour le service de Dieu. Il leur apprit à bâtir des monastères, à y établir des communautés, à prendre soin les uns des autres, afin qu’aucun ne manquât du nécessaire ; à s’occuper à la prière, à chanter des hymnes et des psaumes, à prendre soin des pauvres, à leur bâtir des logements honnêtes, et à leur fournir les choses nécessaires à la vie. Il prit aussi soin des filles comme il faisait des hommes, et apprit à ces peuples à élever des vierges pour les rendre de dignes épouses de Jésus-Christ. C’est ainsi qu’il changea en peu de temps la face de cette province, où presque tout le monde commença à mener une vie pure et chaste, et où plusieurs personnes apportaient leurs biens à ses pieds pour les distribuer aux pauvres.