Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/222

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Mais voici un des plus beaux éloges qu’on puisse donner à sa vertu, et que saint Grégoire nous dit en deux mots : c’est qu’en mourant il emporta avec lui tout ce qu’il possédait des biens de la terre ; car il ne laissa pas même des richesses dont on pût lui dresser un monument qui rehaussât l’estime de sa piété. Cela n’empêcha pas que ses funérailles ne fussent des plus magnifiques. La foule qui devançait et qui suivait son cercueil était prodigieuse : chacun s’empressait de toucher son corps ou d’enlever quelque peu du bord de ses habits ; les places publiques, les galeries, les maisons jusqu’au second et au troisième étage, étaient pleines de monde. Les pleurs et les gémissements étouffaient le chant des psaumes. Toute la ville fondait en larmes ; les païens, les Juifs et les étrangers se mêlaient parmi les catholiques, et disputaient en quelque façon avec eux à qui donnerait au saint plus de marques d’affection ; enfin, après de grands efforts pour percer la foule, on le mit dans le tombeau des évêques ses prédécesseurs.

Il faut revenir à présent à saint Grégoire de Nazianze, dont nous avons interrompu l’histoire pour suivre celle de saint Basile. Nous l’avons laissé dans la solitude du Pont avec Césaire. Il n’y put demeurer longtemps, parce que son père le rappela ; il ne manqua pas de sollicitudes et de peines ; il était obligé, d’une part, d’aider son père dans le gouvernement de son Église, d’autant plus qu’il était fort vieux, et sa mère aussi dans les affaires domestiques, et surtout pour la succession de son frère Césaire, qui mourut à la fin de 368 ou au commencement de 369. Il faut ajouter à cela la faiblesse de sa santé et ses fréquentes maladies ; de sorte qu’il n’était pas exempt de croix. Mais elles sont l’apanage des amis de Dieu. Il les portait avec une sou-