Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/23

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tyre, ou tout au moins pour y aider les confesseurs à l’endurer courageusement. Il exhorta aussi d’autres solitaires à en faire autant, en leur disant : « Allons à ce glorieux combat de nos frères, pour le soutenir avec eux, ou, si nous n’avons pas ce bonheur, pour être les spectateurs de leur triomphe. » En effet, plusieurs moines se joignirent à lui, et comme il ne pouvait pas se livrer lui-même aux persécutions, cela n’étant pas permis, il servait les chrétiens condamnés aux mines ou détenus dans les prisons, et les suivait lorsqu’on les menait devant les tribunaux, en les exhortant avec un zèle intrépide à souffrir constamment la rigueur des tourments.

Le juge, voyant combien les exhortations des solitaires fortifiaient les chrétiens dans la foi, leur fit défendre de demeurer davantage dans la ville. S’ils n’obéirent pas tous, ils se cachèrent pour la plupart ; mais Antoine leva sa robe pour se faire mieux remarquer, et se tint le lendemain sur un lieu élevé, afin que le tyran pût plus aisément l’apercevoir à son passage. Mais, bien que celui-ci le vît et que même son intrépidité causât de l’étonnement à tous les spectateurs, Dieu ne permit pas qu’on l’arrêtât, le réservant pour remplir ses desseins dans la solitude. Ainsi, après qu’il eut persévéré à servir les saints jusqu’à la mort de saint Pierre, patriarche d’Alexandrie, qui fut le dernier qui souffrit dans cette persécution, il retourna à son monastère pour s’y condamner à un genre de martyre dont la durée compensa les tourments qu’il n’avait pas eu l’occasion de souffrir.

Ce fut dans cette vue qu’il embrassa, avec plus d’ardeur que jamais, les travaux de la pénitence, s’y excitant par la considération des souffrances des saints dont il venait d’être témoin. Il s’enferma de nouveau, résolu de ne plus sortir et de ne recevoir personne dans le lieu de sa retraite ; mais il ne put empêcher qu’on ne