Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/24

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recourût à lui de toutes parts, et Dieu accordait des miracles à ceux qui venaient implorer le secours de ses prières, bien qu’il ne se laissât pas voir ni même qu’il leur parlât.

Entre autres, un officier de guerre nommé Martinien, dont la fille était tourmentée du démon, vint frapper longtemps à sa porte, le conjurant d’obtenir de Dieu sa délivrance. Antoine ne lui ouvrit point, mais il lui dit seulement : « Pourquoi venez-vous troubler mon repos ? Je suis homme comme vous. Si vous avez de la foi, priez Dieu, et il vous accordera ce que vous demandez. » Martinien suivit cet avis, et, étant retourné à sa maison, il trouva sa fille guérie.

Se voyant exposé sans cesse à de pareilles demandes, et craignant autant la tentation de la vanité que d’être détourné de la retraite, il se détermina à s’aller cacher dans les bucolies en haute Thébaïde, où il n’y avait que des hommes sauvages dont il espérait de n’être pas connu.

Tandis qu’il attendait sur le bord du fleuve un bateau sur lequel il pût monter, il entendit une voix qui lui dit : « Antoine, où vas-tu, et quel est ton dessein ? » Il répondit sans s’étonner : « Je veux aller dans la haute Thébaïde, parce qu’ici le peuple demande de moi des choses qui sont au-dessus de mes forces, et ne me laisse point en repos. » La voix lui répliqua que s’il suivait son dessein, il verrait redoubler ses peines ; mais que s’il voulait jouir du repos, il se retirât dans le fond du désert, et qu’il n’avait qu’à se joindre pour cela à quelques Sarrasins qui passaient dans ce moment, et qu’ils lui en montreraient le chemin.

Il obéit, et arriva après trois jours et trois nuits de marche à l’endroit où Dieu voulait qu’il fixât sa demeure pour le reste de ses jours.

Saint Jérôme en fait la description en ces termes : « C’est une montagne pierreuse d’environ mille pas.