Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les évêques envieux de son mérite lui avaient donnés. Il vint donc à Nazianze ; mais il n’y goûta pas sitôt le repos qu’il désirait. Au contraire, il eut la douleur de trouver cette Église semblable à un vaisseau qui erre au milieu de la mer sans pilote, n’ayant point d’évêque, et livrée presque aux apollinaristes, qui s’efforçaient de s’en rendre maîtres. Il tâcha en vain d’y mettre un évêque, et n’en pouvant pas prendre soin lui-même à cause de ses maladies, il se retira à la terre d’Arianze, qu’il avait héritée de son père, pour y rétablir sa santé. Ce fut vers l’année 381 ou 382 ; mais il n’y demeura pas tout à fait oisif, car il écrivit plusieurs lettres, et en particulier pour le soutien de la foi dans Nazianze, où les apollinaristes avaient osé mettre un évêque de leur secte. Cela fit que les chefs et le peuple de cette ville le forcèrent en quelque façon d’y venir, tant pour l’amour qu’ils avaient pour lui que pour la crainte de ces hérétiques.

Son humilité, qui le suivait partout, jointe à ses infirmités, lui faisait regarder le poids de cette Église comme au-dessus de ses forces ; et il obtint enfin qu’on lui substituât un évêque, qui fut Eulale, son cousin et son disciple. Alors, se voyant libre et en état de ne plus penser qu’à Dieu et à son salut, il se retira à la campagne pour tout le reste de ses jours. Il y mena la vie d’un moine et d’un solitaire. « Je vis, dit-il, parmi les rochers et avec les bêtes farouches ; ma demeure est une caverne où je passe ma vie tout seul ; je n’ai qu’un seul habit et je n’ai ni souliers ni feu ; je ne vis que de l’espérance ; je suis le rebut et l’opprobre des hommes ; je ne couche que sur la paille, je me couvre d’un sac ; mon plancher est tout trempé des larmes que je répands continuellement. » Cela n’empêchera pas que quelques personnes du caractère de Maxime