Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/25

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Elle pousse de son pied des eaux dont le sable boit une partie ; le reste, qui tombe plus bas, forme peu à peu un petit ruisseau, sur le bord duquel on voit grand nombre de palmiers qui contribuent beaucoup à rendre le lieu commode et agréable. »

C’est ce qu’on appelle le mont Colzin, et qu’on a depuis nommé le mont Saint-Antoine. Il y reconnut la demeure que Dieu lui avait destinée, et s’y établit d’autant plus volontiers, qu’il n’y avait que les Sarrasins avec qui il était venu qui en eussent connaissance. La cellule était si étroite, qu’elle ne contenait en carré qu’autant d’espace qu’un homme en peut occuper en étendant les pieds. Il y en avait encore deux autres de la même grandeur taillées dans le roc au sommet de la montagne, et l’on n’y montait qu’avec bien de la difficulté par un sentier fait en forme de limaçon.

Le saint se retirait dans une de ces deux cellules lorsqu’il voulait fuir la presse, car il ne put demeurer longtemps inconnu. Ses enfants spirituels l’y découvrirent après de longues recherches, et prirent soin de lui fournir du pain ; mais, voulant leur épargner cette fatigue, il les pria de lui apporter une bêche, une cognée et un peu de blé, dont il sema un petit terrain, ce qui lui rendit suffisamment pour son entretien, ayant une joie extrême de n’être plus à charge à personne.

Il fit aussi quelques autres ouvrages ; car, un an après sa mort, saint Hilarion étant venu visiter sa demeure, ses disciples le conduisirent par tous les endroits de la montagne, en lui disant : « Voici où il avait coutume de chanter des psaumes ; voici où il priait ; voici où il se reposait lorsqu’il était fatigué ; lui-même a planté cette vigne et ces arbrisseaux, lui-même a fait cette aire, lui-même a creusé ce réservoir avec beaucoup de travail pour arroser son jardin. » Ils lui dirent aussi, en lui montrant ce jardin planté de petits arbres