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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/41

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boucha l’entrée, afin d’être moins détourné des exercices de la vie intérieure et contemplative. Il avait quarante à quarante-deux ans lorsqu’il s’y retira, et il y demeura enfermé jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, sans l’ouvrir à personne, excepté la dernière année de sa vie qu’il y introduisit Pallade, de qui nous avons appris son histoire.

Quelque désir qu’il eût de n’y vivre qu’avec Dieu, il ne put empêcher qu’on ne recourût à lui de toutes parts, de sorte qu’il fut obligé de permettre qu’on bâtit un logement peu loin de sa cellule, afin que ceux qui le venaient voir y fussent à couvert des injures du temps, et qu’on y exerçât envers eux l’hospitalité, si fort recommandée dans l’Évangile. Mais il ne parlait que le samedi et le dimanche par la fenêtre qui lui servait à recevoir ce qui lui était nécessaire, et il ne voulut jamais souffrir qu’aucune femme s’approchât de sa cellule.

La vie qu’il menait en ce lieu était toute céleste. Il vaquait sans cesse à la prière et à la contemplation ; son cœur, détaché de la terre et affranchi des sollicitudes du monde, s’élevait à Dieu avec une liberté entière, et Dieu se communiquant à son âme à proportion de son dégagement, la remplissait par des lumières et des grâces très-abondantes.

Son abstinence était grande, selon la coutume des solitaires de ces heureux temps. Il ne mangeait rien de cuit, non pas même du pain ; mais seulement du fruit une fois le jour sur le soir, et en fort petite quantité. Il observa cette austérité jusqu’à la fin de sa vie, et il s’y était si fort accoutumé par le long usage, qu’il n’aurait pu changer dans la suite son genre de vie, quand il l’aurait voulu, ayant par là atténué extrêmement son estomac. C’est apparemment par la même raison que sa barbe et ses cheveux étaient fort clairs, l’extrême faiblesse où il avait réduit son corps ne