Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/5

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temps, ceux qui dans la suite ont embrassé cette institution. En l’entendant ainsi, il n’est pas difficile de prouver qu’il y a eu une succession de moines depuis les apôtres jusqu’à saint Antoine ; car on ne saurait douter qu’il n’y ait toujours eu, dans l’Église, de fervents chrétiens de l’un et de l’autre sexe, qui ont fait une profession particulière de pratiquer les conseils de Jésus-Christ.

Ces fervents chrétiens étaient sans doute du nombre de ceux qu’on a appelés ascètes, c’est-à-dire exercitants ou combattants, à cause de leur ardeur à s’exercer dans le combat de la vie spirituelle.

Mais tout le monde n’envisage pas l’état monastique sous cette idée, et l’on appelle proprement moines ceux qui se sont retirés des villes pour vaquer tout entiers, et loin du commerce des hommes, aux exercices de piété, soit dans un corps de communauté en qualité de cénobites, soit seuls, ou deux et trois ensemble, en qualité d’ermites et d’anachorètes.

Les auteurs sont fort partagés sur l’origine de l’état monastique pris dans ce sens rigoureux. Les uns veulent qu’on reconnaisse une succession de moines depuis les apôtres jusqu’à saint Paul ermite et saint Antoine le Grand ; les autres, au contraire, soutiennent que saint Paul fut le premier qui habita seul dans le désert, que saint Antoine est le premier père des solitaires, et saint Pacôme, l’instituteur des cénobites.

Ce qui paraît plus certain, sans entrer dans aucune discussion de ces deux sentiments, c’est, 1o que, si l’état monastique fut en vigueur avant saint Antoine le Grand, il ne se soutint que dans l’obscurité ; au lieu que, depuis ce saint, il parut avec éclat dans l’Église, tant pur le nombre prodigieux de ceux qui l’embrassèrent, que par leurs vertus éminentes et les dons merveilleux dont Dieu favorisa plusieurs d’entre eux ; 2o que, quand même il n’y aurait point eu de moines tels qu’on l’entend dans le sens le plus rigoureux, c’est-à-dire des chrétiens qui se fussent retirés dans les déserts, ou seuls, ou unis en corps de communauté, avant saint Paul, saint Antoine et saint Pacôme, on peut dire que l’état des ascètes, qui a été de tous les temps dans l’Église, doit être considéré comme l’ébauche