Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’état des moines qui reçurent les derniers traits de leur profession en demeurant dans les déserts. 3o Ne pourrait-on pas ajouter qu’avant saint Antoine il y avait un habit monastique, puisque saint Palémon, plus ancien que lui, quoique de fort peu de temps, en revêtit saint Pacôme, ce qui prouve qu’il en était revêtu lui-même, sans qu’il conste d’ailleurs qu’il en fût l’instituteur ? 4o Il est encore vrai de dire qu’avant que saint Pacôme formât ses communautés, il y avait des solitaires qui vivaient ensemble, et peut-être même en assez grand nombre, comme on peut le conjecturer de l’histoire des monastères de Chénobosque et de Moncose, ainsi qu’on le verra dans la Vie de ce saint. De tout cela on pourrait conclure que, si les historiens ecclésiastiques n’ont pas parlé avant saint Antoine de l’état monastique, comme ils l’ont fait depuis, ce n’est pas qu’il n’y eût point alors de moines ; mais, ou étant plus cachés, Dieu n’avait pas jugé à propos, pour des raisons qu’il ne nous convient point de pénétrer, de les révéler par des dons extraordinaires qu’il communiqua avec tant d’abondance à saint Antoine, à saint Hilarion, à saint Pacôme et à tant d’autres du ive siècle ; ou enfin, étant en petit nombre en comparaison de ceux qui vinrent dans la suite, ils faisaient trop peu de sensation pour occuper une place distinguée dans l’histoire de l’Église.




SAINT PAUL, PREMIER ERMITE, DANS LA BASSE THÉBAÏDE.


Saint Paul est porté le premier ermite, ou parce qu’il a été le premier qui établit sa demeure dans le fond du désert, ou parce qu’il a été le premier des anachorètes dont nous ayons une plus sûre connaissance, ayant eu saint Antoine pour témoin et saint Jérôme pour historien de sa vie. Ainsi une piété éminente et une critique très-éclairée concourent à nous assurer de la vérité de son histoire.

Il naquit dans la basse Thébaïde, sous l’empire d’Alexandre Sévère, environ l’an de Jésus-Christ 228.