Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/58

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son âme par sa grâce tandis qu’on lui tenait ce discours, et dès qu’il fut seul, il adressa une fervente prière au Seigneur, en lui promettant, s’il devenait libre, d’employer toute sa vie à accomplir sa sainte volonté et à exercer la charité envers le prochain.

Il s’embarqua le lendemain avec les autres ; mais le souvenir de la promesse qu’il avait faite à Dieu le préserva des désordres auxquels ses compagnons s’abandonnaient.

La guerre finie et les troupes licenciées, il revint en haute Thébaïde et se rendit à l’église du bourg de Chénobosque, où il se fit instruire dans la religion chrétienne, et fut ensuite régénéré dans les eaux du baptême. La nuit d’après, il eut un songe mystérieux durant lequel il lui sembla qu’on répandait sur lui une rosée céleste, laquelle ayant coulé dans sa main droite, s’y était changée en miel, et de là avait arrosé la terre ; et il entendit une voix qui lui dit : « Fais attention, Pacôme, à ce que tu vois, et comprends par ce signe ce que la grâce de Jésus-Christ veut faire dans ton âme et dans celles des autres par ton ministère. »

Cette vision alluma dans son cœur un si ardent amour pour Dieu, qu’il ne pensa plus qu’à se retirer dans la solitude, où il pût vaquer uniquement à son service. Pour cet effet, il alla trouver un saint anachorète, nommé Palémon, qui demeurait dans le fond du désert ; il frappa hardiment à la porte de sa cellule.

Le vénérable ermite ne reçut pas sans difficulté ce nouveau disciple ; mais enfin, reconnaissant la fermeté de sa résolution, il le revêtit de l’habit monastique et le prit sous sa conduite. Ils s’exerçaient donc ensemble dans la prière, la psalmodie et les autres pratiques de leur état. Leurs occupations manuelles étaient de faire des cilices, et ils ne s’épargnaient pas dans le travail, pour avoir le moyen d’assister les pauvres.