Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/60

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rai. » En même temps il vit un ange qui lui présenta une table d’airain sur laquelle était tracée la forme de vie qu’il devait faire observer à ceux qui se rangeraient sous sa conduite.

Suivant les diverses traductions de la Vie du saint, cette règle commandait de permettre à chacun, suivant ses forces, de boire et de manger, à condition qu’ils travailleraient à proportion de ce qu’ils mangeraient. Les religieux devaient se construire des cellules et demeurer trois dans chacune ; ils devaient porter un manteau blanc de poil de chèvre, qu’ils ne quittaient jamais, ni en mangeant ni en dormant, excepté lorsqu’ils approchaient de la sainte communion.

Il était aussi ordonné de diviser tous les solitaires en vingt-quatre troupes, selon le nombre des vingt-quatre lettres grecques ; et le caractère de chacun était désigné par la lettre sous laquelle il était rangé, sans que personne y pût rien comprendre que ceux qui avaient l’intelligence de ce que cela signifiait. L’ange dit aussi à Pacôme que l’on ferait douze oraisons durant le jour, autant le soir et autant la nuit.

Pacôme avait trop de confiance en son père spirituel, saint Palémon, pour lui cacher cette révélation. Ils allèrent ensemble à Tabenne, et y construisirent un petit logement. Revenu à sa demeure ordinaire, Palémon ressentit une maladie de laquelle il ne tarda pas à mourir dans les sentiments de pénitence les plus édifiants.

Après avoir servi son maître pendant ses souffrances dernières et lui avoir rendu les devoirs de la sépulture, Pacôme retourna à Tabenne, et Dieu le consola de la perte qu’il avait faite, par l’arrivée de Jean, son frère aîné, qui vint se joindre à lui, sur ce qu’il avait ouï dire de la vie parfaite qu’il menait. La joie fut égale de part et d’autre, car Pacôme n’avait