Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/61

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vu aucun de ses proches depuis son baptême, et ils travaillèrent de concert à leur perfection. L’esprit de mortification portait Pacôme à ne se rassasier jamais, pas même de pain ; et, ce qui est beaucoup plus austère, il ne se couchait pas lorsqu’il voulait dormir, mais il s’asseyait au milieu de sa cellule, sans s’appuyer d’aucun côté : ce qu’il pratiqua pendant l’espace de quinze ans.

Cependant Pacôme, se souvenant de la promesse que Dieu lui avait faite de lui adresser des solitaires en ce lieu, pensa tout de bon à agrandir son monastère. Son frère, qui ne connaissait pas la révélation qu’il avait eue, blâmait ce dessein, comme une entreprise présomptueuse ; mais Pacôme souffrait ce reproche en silence. Il poursuivit donc ce bâtiment, non sans obstacles de la part des démons, qui ne cessèrent de lui tendre des piéges, et renouvelèrent contre lui la guerre qu’ils avaient si cruellement déclarée au grand saint Antoine. Dieu le permit ainsi, non-seulement pour éprouver sa foi, mais afin que l’expérience de la tentation le rendît plus propre à montrer aux autres comment il fallait la combattre.

Le temps marqué par la Providence pour l’établissement de son ordre étant arrivé, le Seigneur le lui fit connaître par un esprit céleste qui lui apparut dans une île du Nil, proche de Tabenne. Ne pouvant plus douter de l’ordre de Dieu, il commença à recevoir ceux qui se présentèrent pour embrasser la vie religieuse, et, après s’être assuré du consentement de leurs parents et les avoir suffisamment éprouvés, il les revêtait de l’habit monastique.

Les premiers qui se rangèrent sous sa discipline furent Psentaèse, Sur et Psoïs ; après eux vinrent Pécuse, Corneille, Paul, un autre Pacôme et Jean. Théodore vint quelque temps après ceux-ci ; Paphnuce, Thitoès et Pétrone furent aussi de ses principaux disciples.