Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/8

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lacées d’un palmier, et tout auprès une fontaine dont les eaux très-claires, après avoir coulé en petit ruisseau, se perdaient dans la terre à peu de distance de leur source. Il paraissait que ce lieu avait été autrefois habité, car on voyait aux environs des ruines de maisonnettes, où l’on trouvait des burins, des enclumes et des marteaux ; ce qui a fait croire à quelques auteurs égyptiens qu’on y fabriquait de la fausse monnaie du temps de Marc-Antoine et de Cléopâtre.

Ces petites commodités firent que Paul considéra ce lieu comme un séjour que la Providence avait préparé pour lui servir de demeure. Il renonça à toutes les espérances du siècle, et se fixa dans cette caverne pour le reste de ses jours. Quand ses habits furent usés, il se fit une tunique de feuilles de palmier. Les fruits de cet arbre servirent à le nourrir, et l’eau de la fontaine, à étancher sa soif. Trouvant donc dans ce lieu de quoi se nourrir et se vêtir, il ne désira pas davantage pour l’entretien de son corps, et tourna tous ses soins à la sanctification de son âme.

Sa modestie nous a caché les exercices qu’il pratiqua dans sa longue retraite ; mais les prodiges que Dieu fît en sa faveur, et la haute contemplation où il fut élevé, montrent assez que sa vie y fut plus angélique qu’humaine, et que, s’il demeura longtemps caché dans le secret de la face de Dieu, il goûta tous les avantages de la vertu parfaite.

Il avait persévéré dans cette vie céleste jusqu’à l’âge de cent treize ans, lorsque le Seigneur voulut le faire connaître à son Église par l’entremise de saint Antoine, qui vivait alors dans la solitude, âgé de quatre-vingt-dix ans. L’occasion de cette heureuse découverte fut qu’il vint un jour en pensée au grand Antoine que personne avant lui n’avait mené une vie parfaite dans le désert. La nuit suivante, Dieu lui fit connaître l’illusion de cette pensée, en lui révélant dans un songe qu’il y