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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/9

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avait un solitaire plus avant dans le désert, qui le surpassait en âge et en mérite, et qu’il devait se hâter de l’aller voir.

Antoine, fidèle à la voix de Dieu, prit son bâton dès la pointe du jour et se mit en chemin, sans avoir égard à la faiblesse de son corps, accablé sous le poids des années et épuisé par les austérités. Il était déjà midi, et les ardeurs du soleil, qui sont brûlantes dans ces déserts, n’avaient pas ralenti son empressement, lorsqu’il rencontra sur ses pas un hippocentaure, c’est-à-dire un monstre, qui, par un geste, lui indiqua la route qu’il devait suivre.

Cependant notre voyageur marchait depuis deux jours. La nuit étant venue, il la passa tout entière en prière, afin d’obtenir du Ciel de nouvelles lumières ; et, lorsque le jour commençait à poindre, il vit de loin une louve qui, toute haletante de soif, se coulait le long de la montagne. Il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle se fût entièrement éloignée, et, s’approchant du même lieu il arriva à la caverne où était celui qu’il cherchait.

Il jeta les yeux dedans pour voir s’il n’y avait personne ; mais l’obscurité était si grande, qu’il n’y put rien découvrir. Il ne se rebuta pas, et, après s’être arrêté pour prendre haleine, il s’avança à tâtons jusqu’à ce que, ayant aperçu une petite lumière qui brillait de loin, il ne douta plus que ce ne fût la demeure du solitaire que Dieu lui avait révélé.

La joie de l’avoir trouvé lui donna plus de hardiesse. Il doubla le pas, et, dans la précipitation avec laquelle il marchait, il heurta contre les pierres et fit du bruit ; en sorte que l’hôte de ce lieu solitaire, dont personne encore n’avait interrompu le silence, l’entendit et ferma la porte de sa cellule.

Antoine, se voyant refusé, se jeta contre terre sur le seuil de la porte, et le conjura, dans les termes les plus touchants, de ne le pas priver de la consolation qu’il