Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/98

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solitaire demeure assis dans un véritable repos, le chant même d’un oiseau troublera un peu la paix et la tranquillité de son cœur. »

Pour se conserver dans cette tranquillité d’esprit et de cœur, il avait une maxime qui ne pouvait que l’y aider efficacement. « Un moine, disait-il, qui demeure hors de son pays dans une province étrangère, ne doit se mêler de rien, et il jouira d’un véritable repos. » Nous avons aussi de lui cette belle sentence, qui renferme un grand fonds d’instruction pour les personnes qui aspirent à la vie intérieure : « Si nous cherchons Dieu, disait-il, nous le rencontrerons ; et si nous savons le retenir, il demeurera avec nous. »

Ce n’était pas seulement par amour pour la retraite que saint Arsène aimait si fort le silence, il le gardait encore pour se dérober plus souvent aux piéges de la vanité.

Par ce principe d’humilité, il ne dédaignait pas de prendre conseil des autres, tandis qu’il était si bien en état d’en donner lui-même par l’éminence de sa science, et surtout de son expérience dans les dons de Dieu. Il alla consulter un jour saint Pémen au sujet de son disciple, qu’il lui amena, sur ce qu’il témoignait toujours un plaisir sensible de l’entendre parler des choses de Dieu, et saint Pémen lui répondit qu’il s’attachât principalement à l’instruire par ses exemples plutôt que par ses discours.

Saint Théodore Studite rapporte que ce grand saint communiquant ses pensées à un solitaire d’Égypte fort avancé en âge, mais peu instruit des lettres humaines, un autre qui s’y rencontra lui dit ensuite : « Abbé Arsène, comment, étant aussi profond que vous l’êtes dans les sciences grecques et latines, consultez-vous ce bon vieillard rustique et ignorant ? » À quoi il répondit : « Il est vrai que je suis assez versé dans les sciences dont vous parlez ; mais je ne suis