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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/128

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LA VILLE CHARNELLE

tombant à la renverse, pour mieux offrir
leurs beaux corps crépitants et juteux de désir,
dans leur immense chevelure déployée !…

Triste chacune d’être sitôt délaissée
par l’angoisse affamée d’une bouche divine !
Triste chacune d’avoir vu sa voisine
jouir fiévreusement dans les bras du Couchant !
— « Encore un long baiser,
Seigneur ! un long baiser !…
Car je veux mourir… si lentement mourir,
dans la brûlure humide de tes lèvres ! »
Cependant le Clocher grisé de désespoir,
affaissé sous l’énorme cagoule de ténèbres,
sanglotait… et ses larmes d’ombre colossale
tombaient dans le grand fleuve, avec un son lugubre.

Ce fut alors que le Couchant casqué de feu
se rua pesamment sur leurs corps nus,