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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/216

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LA VILLE CHARNELLE

en renversant leurs colossales bibliothèques,
semblables à des digues vainement opposées
à la puissante et lumineuse plénitude
de son courant majestueux de Niagara ;
si bien que son poème
donne encore à mon âme l’éblouissement
d’un immense estuaire ensoleillé.

Je méprise à jamais les grimaces crispées
de ces écrivassiers myopes qui pataugent
dans leur auge pourrie,
comptant sur les vingt doigts de leurs pattes fangeuses
les frénétiques battements des ailes inspirées.

Compas de la logique, formules de chimie,
ô lugubre outillage de chirurgie critique,
je fais fi de vos longs calculs infatigables !
Vous ne pèserez pas le génie multiforme,
folâtre et visionnaire,