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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/29

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LA VILLE CHARNELLE

Je sais le sacrilège
que je commets, et dont tous les sorciers d’Égypte
et de Chaldée m’ont dit l’horreur, baissant la voix,
levant les bras au ciel.
Il m’advint, qu’en touchant le sable sensitif,
je pus apercevoir entre les lèvres roses
de la grotte profonde, un rocher de corail
qui tressaille d’ivresse et s’enfièvre au contact…
Et je songeai, avec effroi, à la pierre torride
qui, selon les devins recélait le trésor
de la Joie infinie.

Alors, en m’inclinant, je voulus écarter
la broussaille odorante où la source est cachée.

Ivresse des ivresses ! bonheur épouvantable !…
Trois fois la grotte entière sursauta
si violemment, que je tombai à la renverse
et je pus admirer l’étrange tremblement