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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/73

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LES VIGNES FOLLES

Les voilà qui s’avancent pour gravir la colline,
scandant leurs pas sur le balancement
de leurs bras lourds et nus, tout trempés de rosée…

Quelle est la femme blonde qui les précède mollement ?
C’est une jeune paysanne dont les joues sont rosées
car elle a trop couru de montagne en montagne…
Elle est voilée par un grand vol diapré de papillons,
et sa taille fragile de belle fleur mouillée
semble vouloir pencher son visage brûlant
dans la fraîcheur des herbes…
Le vent a tapissé de roses le sentier devenu musical,
où déjà ses pieds blancs modulent en silence
l’éternelle cadence de sa marche de feu.
Elle glisse et bondit de roche en roche,
sur le feuillage immense des forêts
dont les folles mains vertes applaudissent.
Elle sème alentour des palmes d’allégresse
et de délices, d’un beau geste rythmé