Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/119

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JOHN

Mais qu’as-tu donc, ce soir ?… Il faut absolument soigner tes nerfs, ma petite Mary !… Depuis notre retour d’Égypte, ton humeur est bien changée !… Ce matin, une observation des plus innocentes a suffi pour te mettre en colère, et tout à l’heure je t’ai surprise dans un état d’extase vraiment incompréhensible… Tu avais des yeux hypnotisés dont la tristesse infinie m’a un peu effrayé, je te l’avoue !… Tu as gardé le silence durant presqu’une heure… À quoi pensais-tu donc Mary ?…

MARY (avec un nouveau mouvement d’irritation).

Je ne sais pas, John !… Je n’ai pas de mémoire du tout ! J’ai une tête de linotte… Et puis, je suis si épuisée, ce soir, que je n’ai même pas la force de te répondre… Je ne pensais probablement à rien. En tout cas, c’est bien méchant, à toi, de me surveiller ainsi !