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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/149

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Depuis plus d’un mois. Je montai dans la chaire bien calmement, m’y recueillis quelques secondes et plaçai devant moi le petit cahier sur lequel j’écris, en gros caractères, les points essentiels de mes sermons. Je toussai — par sotte habitude —, fis le tour de l’auditoire : pas une place qui fût libre aux derniers bancs, et me tournai vers les enfants groupés dans le chœur : c’était le sermon d’avant la communion, celui qui doit être, s’il est beau, comme l’annonce déjà de Notre-Seigneur, comme cette trompette soudain au fond de la route par laquelle Il apparaîtra.

’C’est par cette dernière image précisément que je fus saisi. Je dis : « Mes enfants, Notre-Seigneur est en route à présent vers vous, et c’est moi qui suis chargé de vous l’annoncer. .. » Et dès lors la main de Dieu m’étreignit et ne me quitta plus. Et j’assistai moi-même, émerveillé et terrifié, au sermon que je prononçai. Un souffle inouï emplissait mes poumons. Je me sentais craquer au-dedans de moi comme une cabane dans la tempête. Et parfois tout devenait calme, calme et je me fondais dans une tendresse indicible. Il n’y avait plus rien dans l’église que le tabernacle, et ces enfants qui attendaient qu’il s’ouvrît…

Universelle présence de Dieu ! Ai-je donc pu vivre si longtemps sans en rien savoir ! Car que savais-je de Vous, mon Dieu ? J’étais le serviteur imbécile qui ne connaît même pas son