Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/150

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maître. Toute ma joie était dans l’obéissance ; je sais à présent la joie de l’amour, je sais qu’on n’est sauvé que par l’amour.

Seigneur, qu’aucune de ces petites âmes que j’ai conduites vers Vous n’oublie jamais qu’elle fut un temps Votre demeure !… Seigneur, qu’aux moments de tentation…

La cloche sonne pour la première messe. Et ce sera, deux heures après, la messe d’actions de grâces. Nous reconduirons en procession les enfants au presbytère : « Laudate pueri Dominum… » Quelqu’un qui a chanté cela, quelqu’un qui s’est laissé porter par ça, comment pourrait-il l’oublier…’Cette phrase et cette exultation, cette inflexion allègre et ineffable, comme si la joie des Anges fleurissait en musique ! … « Laudate pueri Dominum… » Et cette douce retombée ; comme la pluie même des roses que l’on avait lancées au ciel : Laudate Nomen Domini !

Maintenant, je sais. Nous étions assis sur ce banc près duquel nous nous tenions, elle et moi, samedi dernier. Nous n’avions que très peu parlé. J’allais me lever : il était près de cinq heures, et j’ai coutume, à cette heure-là, d’entrer à l’église pour une courte prière — j’allais me lever lorsqu’elle mit soudain sa main sur mon bras, et je compris que je l’ai-