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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/151

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mais. Elle le comprit aussi, j’en ai la certitude, dans le même moment. Une feuille se détacha d’un arbre, d’un vol oblique et s’en vint tomber à ses pieds. Elle la regarda, et puis elle me regarda, moi, avec une douceur qui ne peut se dire. Et de nouveau elle posa son bras sur moi et me dit : « Je sais… oui, je savais que cela devait arriver, et je n’en ai aucun regret. » Elle parut hésiter un peu, sembla vouloir parler encore, comme l’essayer, et, de nouveau, elle baissa la tête, puis elle redit, baissant toujours la tête : « Aucun regret… » et elle attendit. Je savais alors les paroles qu’il me fallait dire, et le geste, d’abord, qu’il fallait faire. Je n’étais pas tellement troublé que je fusse incapable encore de me délier : je continuai de regarder la feuille tombée, je regardai sa nuque à elle, et ma robe de prêtre, et la croix de l’église en plein ciel. Tout était possible. Même la liberté. Même la tentation surmontée. Et une vie plus belle encore, parce que plus complète, que celle qui venait de s’achever. Tout était possible, cela, ou la connaissance d’autre chose, la connaissance du mal et par une vivante expérience, la seule, peut-être, qui me fût offerte. Et je décidai de savoir. Je me penchai vers elle et la pris dans mes bras.

Je me réveillai avant elle. Il n’y avait aucune amertume sur mes lèvres, rien de ce qu’enseignent les Écritures et que j’avais éprouvé autrefois, pour de moindres fautes. Simplement,