Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/40

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avant mon départ. Il pleuvait ainsi. Je me mis un instant à l’abri sous des feuillages. Des tas d oiseaux pépiaient comme ce matin. L’air était bon. Je me sentais si vaste, mon Dieu !… Deux mois après, ce furent nos fiançailles.

Je me suis décidé à acheter une pipe. Je ne crois pas que Thérèse aime beaucoup ça, aussi je la fume dans mon grenier, presque en cachette. Temps délicieux ! Porosité ! La vie se calme. Je me dissous. Petites extases, et pas trop différentes, ma foi, de celles que je connais à l’église. On devrait se réunir entre hommes, de temps en temps, pour de longues pipes toutes silencieuses. Une sorte de culte.

On m’a dit que les Quakers (est-ce bien ainsi qu’on doit écrire ?) aiment à s’assembler en silence, que c’est même là leur messe à eux ; mais que font-ils alors de leurs mains, et de leurs pensées vagabondes ? Un homme, s’il n’a pas son outil, doit avoir en main quelque chose : un livre de messe, ou un chapelet, ou un psautier. Ou bien une pipe. Alors, l’esprit peut dériver.

Leçon avec Madeleine Mercier. C’est la dixième. Il faudrait que je me surveille : dans quelques semaines, si cela doit continuer, nous ne parlerons plus mathématiques. « Mon-